Pourquoi il faut investir dans l'économie bleue ?

14 février 2024 | Décryptage Pourquoi il faut investir dans l'économie bleue ?

Entre pollution et destructions marines, on décrypte les enjeux de transition de l'économie de la mer.

En Décembre dernier, le Cluster maritime français, qui rassemble les grandes entreprises et associations du secteur, a lancé le "French Blue Tech" : le premier classement des startups françaises de la mer. Ce nouvel index a pour objectif de soutenir la visibilité du domaine et la croissance de ses jeunes pousses, en particulier en facilitant leur financement. 

C’est l’occasion de revenir sur l’économie bleue, qui connaît de rapides et nombreuses innovations, dont certaines sont porteuses d’espoir et de solutions pour une économie plus résiliente et neutre pour le climat.

L’économie bleue : un secteur historiquement fort en France 

L’économie bleue, regroupe l'ensemble des activités liées aux océans, aux mers et aux côtes, qu'elles se déroulent en milieu marin, comme le transport maritime, la pêche et la production d'énergie ; ou sur terre comme les ports, les chantiers navals, l'aquaculture terrestre, la production d'algues et le tourisme côtier. Ce segment de l’économie qui a de nombreuses facettes est depuis longtemps stratégique pour la France, qui rappelons-le, dispose du 2e espace maritime mondial, dont 97% se trouvent en Outre-Mer. En 2022, l’économie bleue française pesait 97 milliards d’euros et était responsable de 388 000 d’emplois directs. 

Paquebots démesurés et polluants, prédation des ressources marines, dégradation des littoraux ou encore exploration et exploitation d’énergies fossiles… Tout est loin d’être rose du côté de l’économie bleue.

D’où l’intérêt des nouvelles activités innovantes comme les énergies océaniques renouvelables ou les biotechnologies, et la nécessité d’investir dans la recherche et le financement d’initiatives allant dans le sens du respect de l’environnement et des populations. 

De nouveaux défis à relever par les startups et PME du secteur

  • Un fret maritime plus propre

Le transport maritime représente 80% du commerce mondial en termes de volumes, et il ne cesse de prendre de l’ampleur. La pollution de ce type de transport représente actuellement 3% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde ; soit autant que l’aérien, qu’un pays industrialisé de taille moyenne comme l’Allemagne ou que l’ensemble du continent africain. Si le secteur n’entame pas de changements, les émissions pourraient s’élever à 17 % d’ici à 2050.

En 2018, l'Organisation maritime internationale (OMI), qui dépend de l'ONU, a fixé l'objectif de réduction de 50 % des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2050 par rapport à 2008, ce qui est largement insuffisant selon de nombreux Etats et ONG, qui réclament un objectif de «zéro émission nette» comme s’y est par exemple engagé le secteur aérien, à la même échéance.

En plus de très largement polluer l’atmosphère, le fret maritime est responsable de nombreux impacts indirects entre déversement d’eaux usées contenant bactéries, microplastiques et autres contaminants, perte de conteneurs qui est aussi source de pollution plastique, ou aussi utilisation de peintures toxiques. Chez Lita.co, nous croyons en un transport maritime décarboné c’est pourquoi nous avons financé des entreprises comme Windcoop, Sailcoop ou TOWT qui permettent le fret grâce à des voiliers.

 

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La coque du voilier-cargo Anemos de TOWT

L'exemple de TOWT

  • Réduction des émissions de gaz à effet de serre et d'oxyde de soufre (sox) : l’empreinte carbone du transport est réduite de plus de 90% par rapport au transport maritime conventionnel en cargo. La pollution de l'air dans les zones urbaines causée par les sox lors de la combustion du fioul lourd sera très fortement réduite, diminuant ainsi les causes de maladies respiratoires et cardiovasculaires ;
  • Protection des espèces marines : l’utilisation d’une peinture antifouling sans biocides réduit les rejets toxiques et la propulsion principale vélique diminue le risque de collision et les impacts sonores affectant les cétacés ;
  • Sensibilisation du grand public au sujet des océans : le label Anemos et l'embarquement des passagers/équipiers participent à la prise de conscience de la protection des océans et du changement climatique.
  • Réduire les incidences environnementales de la pêche sur les habitats marins

Plusieurs milliards de personnes dépendent de la pêche pour leur alimentation dans le monde. Pour répondre à la demande croissante, de nombreuses méthodes de pêche industrielles se sont développées au cours du dernier siècle, exerçant une pression sur les océans et sur la biodiversité marine :  D'après une enquête menée par le Fonds Mondial pour la nature et WWF, 50% des espèces d'animaux marins auraient disparu en 40 ans à cause de l'activité de l'homme.

La pêche industrielle exploite au moins 55 % de la surface des mers dans le monde – soit plus de quatre fois la superficie occupée par l’agriculture sur terre. Pour la scientifique et militante Claire Nouvian, il s’agit de “ la première cause de destruction des océans” . 

Parmi les principaux problèmes posés par la pêche industrielle, nous pouvons citer celui des prises accidentelles, c’est-à-dire la capture d’espèces non ciblées et parfois vulnérables, comme les tortues, les requins, les raies, les mammifères marins et les oiseaux marins qui sont souvent rejetés en mer morts ou blessés. 

Par ailleurs, la surpêche est un phénomène majeur qui menace le renouvellement des espèces marines. Souvent, elle entraîne la prise de bébés poissons qui n'ont pas eu le temps de grandir suffisamment pour se reproduire, et conduit donc à long terme à la pénurie d'une espèce. D'après la FAO, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, sept des dix plus importantes espèces de poissons sont au bord du dépeuplement total. En France, près du quart des populations pêchées peinent toujours à se rétablir et demeurent surexploitées. Nous sommes encore loin de l’objectif fixé collectivement par l'Union européenne d’une pêche 100 % durable en 2020. C’est pourquoi chez Lita.co, nous vous proposons de soutenir des acteurs qui y contribuent.

 

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Poiscaille, leader d'une pêche durable, locale et juste

Poiscaille favorise la pêche durable en circuit-court

  • Que des techniques de pêche douces

Ligne, casier, plongée, filet droit, pêche à pied uniquement. Ils excluent les chaluts ou les dragues qui rejettent beaucoup de poissons et risquent d'abîmer les fonds et qui sont en plus très consommateurs de carburant.

  • Des navires de petite taille

Leurs navires mesurent au maximum 12 mètres.  Au-delà, ils considèrent qu’il ne s’agit plus de "petite pêche". Leurs navires ne sortent qu'à la journée pour garantir un temps en mer limité. 

  • Des pêcheurs mieux rémunérés 

En payant leurs pêcheurs partenaires environ 35% de plus que la moyenne, grâce à des prix d’achat stables et élevés toute l’année, ils leur permettent de pêcher moins mais mieux.

  • Développer les énergies renouvelables en mer

Aujourd’hui, l’éolienne en mer, ne représente que 1,9% de la production d’énergies renouvelables. Pourtant, leur technologie évolue plutôt rapidement : dans les années 90, leur puissance était de 0,5 mégawatts. En 2024, elle sera de 16 megawatts, et leur taille sera équivalente à celle de la Tour Montparnasse. 

L’éolienne marine produit de l’énergie grâce au vent. Cette énergie est ensuite collectée dans une station immergée qui est raccordée par un long câble sous-marin avec le réseau terrestre. À puissance égale, une éolienne en mer peut produire jusqu’à deux fois plus d’énergie qu’une éolienne terrestre. 

  • La production d’énergie offshore propre peut aussi concerner le solaire

Elles sont une opportunité à saisir si nous voulons atteindre notre objectif de doublement du volume actuel d'énergies renouvelables d’ici à 2030.  Afin d'en accélérer le développement, la Commission a défini en 2020 une nouvelle stratégie de l'UE pour l'exploitation du potentiel des énergies renouvelables en mer, qui vise à multiplier la capacité des énergies renouvelables en mer par cinq d'ici à 2030 et par trente d'ici à 2050.

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Les panneaux solaires sur l'eau de SolarInBlue

L'exemple de SolarinBlue

Cette entreprise est soutenue par la Région Occitanie, et ambitionne de décarboner les consommations d'énergie dans tous les environnements marins.

  • Pas de compétition foncière

Le solaire photovoltaïque à grande échelle ne représente qu'une infime portion du vaste domaine maritime.

  • Colocation avec l'éolien offshore

La combinaison des productions solaire et éolienne génère des synergies et des économies de coûts sur les câbles et les sous-stations, tout en facilitant l'intégration de l'électricité produite au réseau.

  • Déjà un test grandeur nature dans le port de Sète

Le projet Sun’Sète, inauguré le 17 mars 2023 est la première ferme photovoltaïque offshore de France et de Méditerranée. Le démonstrateur sera composé de 25 unités flottantes pour une puissance totale de 300 kWc sur 0,5 hectares. Les structures seront progressivement installées sur le port de commerce, à 1,5 km de la côte, à l’emplacement de l’ancien poste de déchargement des hydrocarbures en mer.