Comment votre café est-il arrivé jusqu’à votre tasse ? Et votre téléphone ? Tout (ou presque) de ce qui vous entoure est transporté par bateau, ou plutôt en porte-conteneurs. Ces 80 000 navires marchands qui sillonnent la planète pour transporter les denrées et objets de notre quotidien. À eux seuls, ils représentent 3% des émissions mondiales de CO2, et provoquent des effets dévastateurs sur notre santé et la biodiversité marine.
Depuis plus de 10 ans, une entreprise bretonne a choisi de s’attaquer à la pollution massive générée par le transport maritime. Comment ? En utilisant pour la première fois des cargos à voiles, qui réduisent de 90% les émissions de CO2 par rapport à des portes-conteneurs classiques. On vous embarque dans les coulisses de l’aventure TOWT, la compagnie qui veut faire de la voile l’avenir du transport maritime !
Une aventure entrepreneuriale ambitieuse
Alors que toutes les industries promettent de s’engager dans la décarbonation, celle du transport maritime peine à amorcer sa transition. Pourtant, plusieurs pistes techniques sont à l’étude pour réduire les émissions du secteur, et la voile en fait partie ! Déjà testée et approuvée par tous les marins au cours des derniers millénaires, elle est considérée comme une solution très sérieuse pour décarboner le transport maritime. Et ça, Guillaume le Grand, co-fondateur et CEO de TOWT l’a très vite compris.
Tout commence en Bretagne, où le grand-père de Guillaume lui transmet le goût et la passion de la voile. Après des études de sciences politiques à Lyon, il débute une carrière d’analyste à Londres, bien loin des côtes bretonnes. Mais sa passion pour la voile le rattrape, et à l’âge de 24 ans, son salaire de la City en poche, il se cotise avec des amis pour acheter un voilier de 15 mètres. Le pari ? Aller chercher un lot de 3 tonnes de café équitable en République Dominicaine et le ramener en Angleterre. Un an plus tard, c’est mission accomplie. Les paquets de cafés certifiés “équitables et bas carbone” se vendent comme des petits pains sur les marchés des quartiers huppés de Londres.
Alors, Guillaume ne s’arrête pas là, et se lance dans la grande aventure TOWT avec deux convictions :
- Le “shipping” ne va pas se décarboner, parce qu’aucune innovation technologique n’est assez mature aujourd'hui pour le permettre.
- Le transport maritime doit être plus transparent. Le consommateur doit savoir d’où vient son café, comment il a été transporté, par qui et dans quelles conditions.
À partir de là, la course à l’innovation pour décarboner le transport maritime est lancée.
Des choix audacieux pour tirer le meilleur parti de la voile
TOWT commence par affréter des voiliers existants pour transporter des lots de bières bio de l’Angleterre vers la France. Les bières sont vendues dans les Biocoop du Finistère et rapidement, le succès est au rendez-vous. Les transatlantiques se multiplient et les marchandises transportées se diversifient. Mais pour Guillaume, cela ne suffit pas. Depuis quelques temps, une idée fait son chemin : “Et si on passait à l’échelle en construisant des voiliers-cargos modernes ?”
Ni une, ni deux, un appel d’offres est lancé en 2019 auprès d’une quinzaine de chantiers européens. C’est le constructeur naval français Piriou qui l’emporte, et le chantier démarre en 2020 en Roumanie pour la construction de deux voiliers-cargos, nommés Artemis et Anemos. L’ambition est très forte : les deux voiliers marchands seront les seuls à utiliser à plus de 90% la propulsion du vent, avec une capacité d’emport de 1100 tonnes de marchandises par voilier. C'est là toute la spécificité de TOWT, alors que la plupart de ses concurrents fonctionnent avec un modèle hybride, qui allie le vent à un moteur thermique. Les entreprises comme Ayro, Airseas ou Beyond the Sea, proposent aux navires de commerce existants, quelle que soit leur taille, d’y installer des voiles nouvelle génération. Mais celles-cis ne permettent qu’une économie de 15 à 30% du carburant. Des chiffres qui font pâle figure à côté des plus de 90% de réduction promis par TOWT.
Le choix du “presque” 100% vélique influence jusqu'au design des bateaux, dont les lignes sont très fines et la surface de toile beaucoup plus importante que les autres navires du marché. Sur l’aspect technique, TOWT innove avec des mâts qui permettent de manœuvrer les voiles en semi-automatique. Ils développent aussi un système de routage autonome qui permet de définir la meilleure route maritime à emprunter en fonction des vents et des conditions météo. Surtout, par rapport à ses concurrents, l’entreprise bretonne est en avance. Artemis et Anemos seront mis à l’eau au printemps 2024 alors que les voiliers-cargos d’acteurs similaires comme Windcoop ou Neoline sont encore en phase de prototypage.
Le bas carbone oui, mais avec transparence et intégrité
Pour être le premier dans cette folle course à l’innovation, TOWT cherche constamment à se renouveler. “On a failli mourir 250 fois”, raconte Guillaume, “mais à chaque fois on s’est relevés, portés par des valeurs toujours plus fortes.” En passant par TOWT, les chargeurs (clients) ne font pas seulement le choix d’un mode de transport bas carbone, ils adhèrent à une démarche environnementale et sociale exigeante. En veut pour preuve, la création du label ANEMOS, initié par TOWT, qui permet aux consommateurs d'identifier les produits transportés à la voile.
"On a failli mourir 250 fois, mais à chaque fois on s'est relevés, portés par des valeurs toujours plus fortes"
Guillaume le Grand
Avec des premiers contrats signés avec Pernod Ricard, Belco, Longueteau, et les champagnes Drappier, c’est 140 millions d’euros de commandes qui sont déjà sécurisés... l’avenir de TOWT s’annonce radieux.
TOWT, la levée de fonds qui bat tous les records
En 2021, vous étiez plus de 2000 à avoir investi et cru au projet TOWT. C’est en partie grâce à vous que les deux premiers voiliers-cargos vont bientôt voir le jour, au printemps 2024. Cette levée de fonds avait déjà battu tous les records, avec 4,5 millions d’euros collectés en à peine un mois sur la plateforme.
Cette fois ci, TOWT est de retour sur LITA.co pour financer six autres voiliers-cargos, qui permettront une plus grande fréquence de transport des marchandises. Livraison prévue pour 2025. Embarquez à bord de l’aventure TOWT !
À lire aussi, notre décryptage des enjeux de décarbonation du secteur maritime.
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