Simon Peyronnaud : l’entrepreneur qui voulait industrialiser l’upcycling textile

28 février 2025 | Impact stories Simon Peyronnaud : l’entrepreneur qui voulait industrialiser l’upcycling textile

Rencontrez Simon Peyronnaud, le co-fondateur de Losanje, la marque qui va massifier l'usage de l'upcycling textile.

Dans la mode, tout se jette, mais rien (ou presque) ne se transforme. C’est le constat que font Simon Peyronnaud et Mathieu Khouri, alors âgés de 24 ans, quand ils décident de lancer Losanje, l'entreprise leader de l'upcycling textile en Europe.

Tout se jette ? Ou en tous cas beaucoup de vêtements, car chaque année, l’industrie de la mode en produit 100 milliards, dont 17% finiront à la poubelle. 

Rien ne se transforme ? Oui, ou à peu près, car sur les 4 millions de tonnes de vêtements jetés en Europe, seulement 1% est revalorisé. Face à ça, Simon & Mathieu ont un souhait : revaloriser le plus de pièces textiles possibles. Comment ? Grâce à l’upcycling, une technique qui permet la découpe de textiles existants pour les réassembler en de nouvelles pièces. (vêtements, accessoires). On vous raconte l'histoire de Losanje !

Des bancs de l’école à l’upcycling  

Entre Simon et Mathieu, c’est une longue histoire. Ils sont amis depuis l’âge de 11 ans, ont grandi ensemble, des bancs de l’école primaire à ceux de l'université. Tous deux passés par Sciences Po Lyon, puis l'ESCP, ils ont toujours eu envie d'entreprendre.

Mais encore fallait-il trouver LA bonne idée ! Et justement, des idées, ils en avaient à la pelle  : créer une plateforme qui favorise les rencontres à travers le sport, proposer aux jeunes des places de spectacle à prix réduits, faciliter le paiement de l'addition dans les restaurants avec des QR Codes... 

Mais ce qui retient l’attention de Simon depuis longtemps, c’est le textile. En 2019, il s'y penche même sérieusement, avec la rédaction d’un mémoire sur la mode éco-responsable.  

“Pour moi, le secteur du textile touche tout le monde. Tout le monde doit s’habiller. Le vêtement, c’est un fait sociologique. En portant un vêtement, tu racontes quelque chose de toi même, de qui tu es. C’est un objet passionnant !”, raconte Simon.  

Au cours de ses recherches, un chiffre le marque : 95% de l’impact écologique d’un vêtement provient de la production des matières premières.  

Et si les modèles de mode circulaire se développent de plus en plus, ils se heurtent à des plafonds de verre : le marché de la seconde main est saturé, la production de vêtements bio permet une économie d'eau, mais pas de Co2, tandis que le recyclage ne fonctionne que pour une certaine catégorie de vêtements, ceux ne contenant qu'une seule matière.

Simon et Mathieu s’intéressent alors à une autre façon de revaloriser les vêtements : l’upcycling. Il permet d'économiser en moyenne 90% des émission de Co2, et de diviser l'utilisation d'eau par 10 000 par rapport à une production neuve.

Mathieu Khouri à gauche, et Simon Peyronnaud à droite. 

Un duo d’outsiders débarque dans le marché du textile 

Quand en 2020, Simon et Mathieu décident de créer la structure juridique de Losanje, ils sont encore des novices de l'upcycling. Alors, ils commencent par recruter un stagiaire spécialisé en ingénierie textile.  

“On a appris sur le terrain : en découvrant le monde passionnant de l’ingénierie textile, le fonctionnement des machines à coudre, les usines d’assemblage, la création de la matière...”, raconte Simon. 

Et puis, au fur et à mesure que leurs connaissances s'affinent, ils se rendent compte que l'upcycling est confronté à un défi de taille : la découpe.

En fait, pour qu’une pièce textile puisse être upcyclée, il faut d’abord découper les pièces d’un textile existant (vêtements usés, draps, rideaux...) pour les réassembler et créer de nouveaux produits. Or cette découpe est aujourd’hui majoritairement manuelle, chère à produire et chonophage. 

“Si demain, on veut que l’upcycling se massifie et passe l’échelle, il faut faire rimer performance écologique avec performance économique”, explique Simon. 

Pour y parvenir, Simon et Mathieu sont persuadés qu’il faut automatiser cette découpe. Mais à ce stade de leur développement, aucune technologie n’est encore capable de le faire. Alors pendant deux ans, ils se lancent dans une phase de Recherche & Développement, qui aboutit en 2024 à une innovation de rupture. 

La découpe automatisée d'une pièce textile

“Aujourd’hui, on est très fiers d’avoir créé de A à Z une technologie qui peut permettre de révolutionner le secteur” ajoute Simon. 

Concrètement, c’est une ligne pilote automatisée et robotisée, capable de valoriser tous types de textiles, et notamment ceux qui sont exclus du recyclage, car composés de matières différentes. Aujourd'hui, Losanje a développé une usine de coupe à Nevers, possède son propre bureau d'études, et d'autres ateliers partenaires en France et en Europe.

Grâce à leur technologie, ils ont, par exemple, pu revaloriser plus de 13 000 gilets du Groupe La Poste, transformés en trousses. Et ils ne comptent pas s'arrêter là : aujourd'hui, Losanje travaille en étroite collaboration avec plus de 50 clients, dont la SNCF, Rolland Garros, la métropole du Grand Paris, EDF ou encore Toyota.

 

"On est très fiers d'avoir créé une technologie de A à Z, qui peut permettre de révolutionner le secteur en Europe"

Simon Peyronnaud

 

À ce jour, Losanje est le seul acteur européen à avoir réussi à automatiser la découpe des pièces textiles.  

Massifier l’usage de l’upcycling : passer d’une boucle fermée à une boucle ouverte 

Pour que l’upcycling devienne la norme, il y a un besoin de pédagogie et d’évangélisation auprès des acteurs de la mode et du textile. La majorité d'entre eux n'y sont pas formés, et ne l'intègrent pas à leur business model comme une démarche durable.

Pour casser ce plafond de verre, Losanje souhaite simplifier les démarches et l'accès à l'upcycling en offrant une solution clé en main, avec un accompagnement complet et la livraison de produits finis à ses clients. Grâce à l’outil de découpe automatisée, ils ont un avantage concurrentiel conséquent et la garantie d’avoir le meilleur prix d’Europe avec un produit upcyclé.  

Créer de nouveaux vêtements et accessoires à partir de l'existant 

De 75 tonnes de produits finis revalorisés en 2023, Losanje souhaite atteindre les 500 à 800 tonnes par an. Comment ? En passant d’une boucle fermée à une boucle ouverte. Pour le moment Losanje travaille uniquement avec des entreprises qui fournissent elles-mêmes les matières à upcycler : le gisement dépend donc exclusivement de ces entreprises, empêchant l’augmentation des volumes.  

Simon et Mathieu envisagent d’intégrer des textiles issus de centres de tri, pour élargir la capacité de production de l’entreprise, et passer en "boucle ouverte". 

“Avec Losanje, on a vraiment l’impression de changer les choses, et de proposer quelque chose de nouveau. Avec la technologie développée, un changement de paradigme est possible. On a réussi à montrer que l’on pouvait créer à partir de ce qui existe déjà, et surtout qu’on pouvait le faire de façon industrielle”, raconte Simon. 

Tout comme il y a un enjeu de circularité dans la mode, et que la démarche de l’upcycling doit se démocratiser le plus possible, Mathieu et Simon ont naturellement souhaité ouvrir leur capital avec une levée de fonds citoyenne sur Lita.

L'objectif de ce financement ? Professionnaliser l’ensemble de leur structure en recrutant et augmenter leurs capacités de production pour répondre à de plus en plus de projets.  

Découvrir la levée de fonds Losanje sur Lita.