NOUS anti-gaspi : le combat de Charles Lottmann contre le gaspillage alimentaire

28 février 2024 | Impact stories NOUS anti-gaspi : le combat de Charles Lottmann contre le gaspillage alimentaire

NOUS est d'abord un projet intrapreneurial, né dans une start-up de l'ESS. Découvrez les débuts de l'aventure, avec Charles Lottmann, son co-fondateur.

En France, la toute première étude réalisée par l’ADEME sur le gaspillage alimentaire sort en 2016. Si elle permet enfin de chiffrer un phénomène jusque-là méconnu, sa conclusion est alarmante : plus de 10 millions de tonnes de nourritures finissent chaque année à la poubelle, dans notre pays.

Cette étude, Charles Lottmann, le co-fondateur des épiceries NOUS anti-gaspi, la connaît très bien. En 2015, alors qu’il travaille depuis 5 ans dans un fonds d’investissement, il a soif d’engagement et d’action. Rapidement, il quitte son travail et rejoint la jeune pousse Phenix, qui redistribue les invendus de la grande distribution, à des associations. C’est là-bas que commence son combat contre le gaspillage, et l’aventure entrepreneuriale qui en découle.

On vous raconte ! 

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Ne nourrissons plus nos poubelles !

NOUS anti-gaspi : un projet intrapreneurial, né au cœur d’une start-up de l’ESS 

Charles Lottmann l’avoue, il ne fait pas partie de ces entrepreneurs qui sont animés par une cause depuis leur plus tendre enfance. La source de son engagement, plus tardive, apparaît dans un contexte précis : celui de la COP21 et des Accords de Paris, perçus par beaucoup comme un moment charnière dans la lutte écologique.  

En 2015, alors qu'il est âgé de 28 ans, il s’informe sur le sujet, et le gaspillage alimentaire lui apparaît comme un levier d’action puissant. Parce qu’il touche une diversité d’acteurs, et qu’il engendre des coûts écologiques et sociaux démesurés. 

“Je suis d’une génération qui est particulièrement touchée par les risques associés au réchauffement climatique. Je me suis senti responsable, et j’ai voulu m’investir personnellement dans la mise en œuvre de solutions”, nous explique Charles Lottmann.  

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Une tomate (un peu) moche vendue chez NOUS anti-gaspi

Il voit passer une offre de “Chargé de projets stratégiques” chez une jeune start-up : Phenix. En 2016, le gaspillage alimentaire est encore un sujet de niche, et Phenix se concentre uniquement sur le don d’invendus de la grande distribution aux associations. Lors de sa prise de poste, Charles découvre cette étude de l’ADEME. Elle met le doigt sur un sujet crucial : le gaspillage existe à tous les maillons de la chaîne de valeur, et pas seulement au niveau des distributeurs. L’étude révèle même que plus de 50% du gaspillage se fait au niveau de la production. 

“Je suis d’une génération qui est particulièrement touchée par les risques associés au réchauffement climatique. Je me suis senti responsable, et j’ai voulu m’investir personnellement dans la mise en œuvre de solutions”

Charles Lottmann

Au cours de l’année 2017, Charles réalise une étude de marché pour évaluer le potentiel d’une filière destinée à revaloriser les pertes des fabricants et industriels, chez Phenix. Il part à leur rencontre pour comprendre d’où viennent les pertes. 

“Sur-stock, fins de série, produits jugés non-conformes aux standards de la grande distribution, ou présentant des défauts visuels... j’ai été frappé par la diversité des produits jetés. Il y en avait pour tous les goûts !”, raconte Charles.

Le constat est clair : il faut apporter une solution à ce gaspillage massif. De là, naît l’idée de se focaliser aussi sur l'amont de la chaîne de valeur, et plus seulement sur l'aval (comme le fait Phenix). L'objectif ? Racheter les invendus des producteurs & fabricants, pour les vendre dans des magasins physiques, à des prix défiant toute concurrence.  

Revenir à la source du gaspillage alimentaire 

Quand Charles restitue les résultats de son étude aux équipes Phenix, elles ne souhaitent pas porter directement le projet, le modèle étant trop éloigné de leur stratégie actuelle. Mais Charles, lui, a envie d'entreprendre et de se lancer dans l'aventure. Alors Phenix décide de financer le démarrage de l'activité.

C'est au même moment que Charles rencontre Vincent Justin, qui vient de quitter l’entreprise qu’il avait fondé en 2003. Il est en quête d’un nouveau projet et approche Phenix car il s’intéresse à la thématique du gaspillage. Les deux hommes s’associent et donnent un nom à leur entreprise, ce sera NOUS anti-gaspi.  

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Les rayons bien fournis des magasins NOUS anti-gaspi

Ils trouvent aussi leur modèle économique : les épiceries rachètent les invendus des producteurs & fabricants à des prix moins élevés que la grande distribution, leur permettant de les revendre 25% moins chers.

Par exemple, quand NOUS achète un kilo de carottes diformes à 70 centimes, il est revendu à 1 euros au consommateur, quand la grande distribution, elle, va le revendre à 1,40 euros. 

Ils commencent par fédérer un réseau de producteurs et fabricants, puis ouvrent la première boutique à Rennes en 2018. C’est le carton plein, les fruits et légumes moches partent comme des petits pains. Rapidement, les magasins essaiment, dans la région parisienne et le Grand Ouest.  

Pour aller encore plus loin, Charles et Vincent lancent leur marque propre pour revaloriser les pertes des matières premières (farine ou oeufs par exemple) de leurs producteurs.  

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Les oeufs de la marque propre NOUS anti-gaspi

Poursuivre la lutte contre le gaspillage alimentaire 

Aujourd’hui le réseau NOUS anti-gaspi a bien grandi, il compte 26 magasins et 220 salariés.

“Depuis la création des épiceries, on est très fiers d’avoir pu revaloriser plus de 10 000 tonnes de produits invendus, auprès de nos 1000 producteurs et transformateurs partenaires. Néanmoins, il nous reste beaucoup de travail, vu l’ampleur du phénomène”, explique Charles. 

L’un des premiers enjeux pour NOUS anti-gaspi, c’est d’ouvrir plus de magasins, pour valoriser plus d’invendus.  

“Notre autre enjeu, c’est de continuer à faire évoluer les consommateurs dans leurs pratiques d’achats. On veut prôner un modèle de distribution différenciant qui renverse le rapport à l'offre : avec une consommation plus sobre, qui dépend des arrivages et de la disponibilité.” 

L’entreprise bénéficie d’un contexte réglementaire favorable : la loi AGEC, vise à réduire le gaspillage alimentaire de 50% d’ici à 2025. Pleinement impliqués dans cet objectif, NOUS anti-gaspi souhaite lever 3 millions d’euros sur LITA pour créer 5 nouveaux magasins en 2024 et permettre l’atteinte de la rentabilité en 2025. 

 

Pour aller plus loin :

Investir dans NOUS anti-gaspi sur LITA (obligations 10,5% sur 4 ans).

⚠️ Avertissement : Investir dans des entreprises non cotées comporte un risque important de perte et de blocage du capital.