Années 2000. Retour aux cours de SVT de Madame Henri en 4ème B. (Spéciale dédicace si vous lisez cette newsletter)
Madame Henri : “Quel est l’élément chimique le plus abondant dans l’univers ?”
Réponse de toute la classe : “C'est l'hydrogène !”
En vrai, personne n'en savait rien. Mais pour les besoins de cette newsletter, l’histoire a été modifiée.
L'hydrogène est bien l'élément chimique le plus abondant dans notre univers, c’est même le composant principal du soleil, et il est à la source de la formation des étoiles. Rarement présent à l’état pur sur notre planète, on le trouve dans l’eau ou les hydrocarbures.
Aujourd’hui, l'hydrogène est considéré par certains comme une solution “miracle”, car il pourrait décarboner des pans entiers de notre économie, de l’industrie lourde aux transports. L’hydrogène est-il aussi vert qu’il n’y paraît ? Comment peut-il modifier notre mix énergétique actuel ? Les réponses se fabriquent (et se financent) ici 👇.
50 nuances d'hydrogène
Pour faire de l'hydrogène une source d’énergie, il faut donc l'extraire d'autres molécules, comme l’eau (H₂O), ou des hydrocarbures (pétrole, gaz naturel, méthane).
Aujourd’hui, on utilise de l'hydrogène dans :
- L'industrie : production d'ammoniac (essentiel à la fabrication d'engrais), de méthanol (sert aux plastiques & solvants), raffinage du pétrole brut.
- La sidérurgie : en remplacement du charbon pour la production d'acier.
- Les transports : comme alternative aux batteries électriques.
L'avantage de l'hydrogène ? Il n'émet pas de CO₂ au moment où il est utilisé. Mais selon la source dont il est issu, et le mode de production choisi pour l'extraire, il peut être fortement émetteur. C'est ce qui permet de le classer en différentes catégories :
Paye ta facture énergétique
En fait, l’hydrogène c’est comme un arc-en-ciel, sauf qu'il penche à fond vers le gris. Et ça pose problème...
- Voir la vie en gris : À l'échelle mondiale, plus de 99% de l’hydrogène produit est issu d’énergies fossiles. En France, c’est 94% et sa production est responsable de 3% des émissions nationales de CO₂.
- Carrément énergivore : Pour l'obtenir, on utilise la technique du “vaporeformage” de gaz naturel. Ça consiste à faire réagir du méthane avec de la vapeur d’eau à haute température. Mais cette réaction émet du CO₂. 1kg d’hydrogène gris = 11kg de CO₂ (Ademe).
Ok, mais au bout de l’arc-en-ciel, il y a quand même un peu de vert, non ?
Quand l'hydrogène passe au vert
L'hydrogène vert est produit par électrolyse de l’eau : un courant électrique qui sépare la molécule de l’eau (H₂O), en deux éléments, H, pour Hydrogène, et O, pour Oxygène. Si l'électricité qui génère l'électrolyse provient d’énergies renouvelables, on parle d’hydrogène vert. Et il a quelques atouts :
- Byebye le CO₂ : au global, il est beaucoup moins émissif que l’hydrogène gris. 1 kg d’hydrogène vert émet jusqu’à 10 moins de CO₂ qu’1 kg d’hydrogène gris.
- Carburant 100% vert : il s’adapte particulièrement bien aux transports difficilement électrifiables (poids lourds, bus, ferroviaire), demandant une forte disponibilité en énergie, des pleins rapides et une grande autonomie.
- Partner in crime des EnR : alors que la production des énergies renouvelables est intermittente et dépendante du soleil et du vent, l’hydrogène vert peut être stocké et utilisé plus tard.
Sur le papier, ça donne de l’espoir. Et en chiffres, ça donne quoi ?
Cash sur table : le marché de l'hydrogène vert
✔️ Le revenu mondial généré par l'hydrogène vert pourrait passer de 650md$ en 2030 à 1400 md$ en 2050. (Deloitte)
✔️ La France va consacrer 9 milliards d'€ d'ici à 2030 pour mettre en œuvre sa stratégie de développement de l’hydrogène.
✔️ Mais l’IEA (Agence Internationale de l’Énergie) prévoit que l’hydrogène gris reste majoritaire d’ici à 2030.
Notre Analyse
Chez Lita, nos analystes passent leurs journées à décortiquer les innovations écologiques & solidaires. Voici leur point de vue sur l'hydrogène vert :
Les obstacles :
- L'hydrogène vert prend tarif : il est 2 à 3 fois plus cher que l’hydrogène gris, de 2,2€ à 8,2€/kg contre 1,5€/kg pour l’hydrogène gris.
- Retard de croissance : certains projets ont pris du retard, avec moins d'investissements que prévu et des régulations plus lentes.
- Les bouchées doubles : mais sa production devrait passer de 0,3GW en 2026 à 6,5GW en 2030. (soit l’équivalent de 4 à 6 réacteurs nucléaires.)
Pourquoi on mise dessus :
- De l'hydrogène vert à bas coût ? C'est possible, grâce à une technologie devenue plus mature et des acteurs comme Lhyfe, un producteur et fournisseur français, qui prouve que l'on peut concevoir des projets rentables.
- Quand l'hydrogène vert s'impose : La directive européenne RED III impose aux industriels d'utiliser un hydrogène bas carbone à 42% d’ici à 2030, et 60% en 2035.
- Circuit court toujours : Lorsqu’il est produit localement, il réduit notre dépendance à l’importation d’énergies fossiles et réindustrialise nos territoires.
Conclusion ? L’hydrogène vert n’est pas encore en passe de remplacer l’hydrogène gris. Mais il montre toutefois qu’un autre modèle énergétique est possible : local, en circuit-court, indépendant, et répondant à un réel besoin écologique. Madame Henri n'aurait pas dit mieux !
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