Charles Christory : “Notre mission, c’est de tuer la poubelle”

18 septembre 2024 | Impact stories Charles Christory : “Notre mission, c’est de tuer la poubelle”

Rencontre avec Charles Christory, le co-fondateur et PDG emblématique du Fourgon, l'entreprise leader de la consigne en France.

Charles Christory est un caméléon. Capable de passer de dirigeant d’une grande société de marketing digital, à fondateur de l’entreprise leader de la consigne en France. On vous raconte, comment il est devenu, à la tête du Fourgon, l’un des entrepreneurs les plus emblématiques et les plus engagés sur le secteur du réemploi. Rencontre.  

L’entrepreneuriat dans l’âme 

Charles Christory créé sa première entreprise à l’âge de 22 ans. Adictiz est une plateforme d'édition de jeux vidéos, qui s'est rendue célèbre avec le lancement du jeu “Paf le chien” sur Facebook. Fort de ce succès, il revend l’entreprise 11 ans plus tard au groupe Webedia.  

Et en une décennie, Charles a bien changé. Il est devenu père de 3 enfants et le sujet du réchauffement climatique le préoccupe. Comme il n’est pas du genre à devenir salarié, il réfléchit très vite à un autre projet.  

“Je voulais créer une autre boîte, mais cette fois-ci avec de l’impact. À l’époque, je suis beaucoup plus conscient que la planète se réchauffe et qu’on ne va plus pouvoir se nourrir comme avant. J’ai gagné de l’argent une première fois avec la revente d'Adictiz, maintenant je veux l’utiliser pour être utile.”, raconte Charles.  

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De l’envie au projet : faire renaître la consigne en France 

L’idée du Fourgon naît autour d’une bière, ou plutôt de trois bières, prises entre Charles, Stéphane Dessein, l’ancien CTO d’Adictiz, et Maxime Tharin, un ami d’enfance de Charles.  

Une fois les bières bues, Charles fait le constat que ces bouteilles neuves sont jetées et vouées à être recyclées. Pourquoi on ne réutilise plus les bouteilles en verre ? Et pourquoi est-on passé d’un système industriel, vertueux et local, au tout plastique ? (Réponse dans cette vidéo)

Pour les 3 amis, la consigne est LA réponse au désastre environnemental et social que provoque le plastique. Et pour la remettre au goût du jour, plusieurs aspects doivent être maîtrisés en amont : 

  • Repenser la figure du livreur : exit le livreur déshumanisé à la Amazon, l’objectif est de faire de la livraison un moment convivial.
  • Maîtriser la logistique de A à Z, surtout au niveau de l’approvisionnement auprès des producteurs, de la livraison client, et des centres de lavage.
  • Construire une image de marque forte. La consigne, c’est has been ? Le Fourgon va tout changer. 

A priori, tout ça ils savent faire. Et quand ils se lancent, Charles et ses deux associés ont une longueur d’avance sur leurs concurrents : ce sont des experts de la tech. Mais le chemin est encore long !

Les premières difficultés : se financer et convertir les producteurs à la consigne  

Dès le début, Charles se heurte à deux difficultés :  

  • Trouver des investisseurs
  • Convaincre les producteurs

“On a eu la chance de démarrer avec 800.000€ d’investissement. Ça a été difficile de convaincre les investisseurs, car on est passés après la vague des Gorillaz et autres acteurs de la livraison ultra-rapide, qui ont tous fait faillite. Il a fallu prouver que notre modèle était radicalement différent”, raconte Charles.  

le fourgon

Pourquoi différent ? Parce qu’il est vertueux et simple d’utilisation. Avec Le Fourgon, les anciens contenants sont collectés à chaque nouvelle livraison, et peuvent être réemployés jusqu’à 40 fois. Chaque produit réemployé permet d’économiser 75% d’énergie, 79% de CO2, et 33% d’eau par rapport à un produit recyclé.  

"Notre force, c'est d'avoir rendu la consigne grand public. Si demain Le Fourgon disparaît, c'est toute une partie de l'industrie, des savoir-faire et des emplois qui repartiraient aux oubliettes. Et ça, on ne peut pas s'y résoudre".

Derrière la consigne, il y a tout un écosystème. Par exemple, pour le lavage, Le Fourgon s'est associé aux entreprises locales Bout à Bout (Pays de la loire) - qui a aussi été financée sur LITA - et Haut la Consigne (Hauts de France).

Enfin, pour convaincre les petits producteurs, Le Fourgon les rémunère justement et les aide à passer à la consigne en utilisant des bouteilles standardisées, avec une étiquette soluble. "On a investi dans une laiterie à Lyon. Je trouve ça génial d’être en direct avec la coopérative et de relancer une filière locale”, ajoute Charles.

Investir dans le retour de la consigne

Aujourd’hui, Le Fourgon est implanté dans 18 agglomérations françaises, et vient de développer sa marque propre. Depuis 2021, ils ont réemployé 21 millions de bouteilles, et leur chiffre d'affaires est passé de 0,5M€ à 12,3M€ en 3 ans.

“Le résultat concret de notre impact ? Je le vois chaque jour dans ma poubelle. Je la jette une fois toutes les trois semaines alors que j’ai trois enfants !”, décrit Charles. 

Rejoignez dès maintenant l’aventure du Fourgon sur LITA et faites une action forte pour le retour d’une consommation plus responsable !